Paradisihack

Couverture du livre Paradisihack

Chapitre 1

Le premier jour

C’est mon premier jour d’école et je suis stressée. Très stressée… Je n’ai toujours aucun ami et personne ne veut me parler. Ma nouvelle classe est… bizarre et méfiante envers moi. En même temps, je peux comprendre mes camarades: comment pourraient-ils faire confiance à une fille qui arrive de Chibougamau au beau milieu de l’année de secondaire quatre. Malgré tout, il y a une petite partie de moi qui pense qu’il y a de l’espoir pour ma première journée. Présentement, je regarde sans cesse autour de moi pour voir si les autres me jugent. Au fond, j’ai peur de leurs regards sournois et moqueurs. Je ne me sens vraiment pas en confiance dans cette classe. Il est 10h39 et la cloche sonne dans une minute. J’essaie de me rappeler le plus possible la raison pour laquelle je suis venue ici. Elle me motive en dépit du moment désagréable que je suis en train de vivre. 

***

La cloche qui annonce le début des cours sonne à répétition et le professeur cesse de regarder son ordinateur. Il regarde ses élèves dans les yeux, l’air de chercher quelqu’un. Quand il pose son regard sur mon visage, le sien s’illumine, tout d’un coup. 

-Bonjour tout le monde! Avant de commencer la fonction polynomiale,  je veux vous présenter une nouvelle élève, annonce-t-il.

Par réflexe, je cache ma figure avec mes mains, gênée. Évidemment, il me demande de me lever pour me présenter à toute la classe. Ce qui est le plus difficile, c’est de voir les visages de différentes personnes, toujours inconnues à mon égard, s’animer et chuchoter des choses à leurs pairs. Admettons que j’ai une petite idée du sujet sur lequel ces gens s'attardent.

-Eumm, monsieur, je vous remercie de l’offre, mais je ne suis pas tellement à l’aise de me présenter devant tous les élèves..

Il fait mine de ne pas comprendre ce que je dis, ce qui est très agaçant de sa part. 

-Bon, super, dis-je à voix basse. Je m’appelle Enora Roy, j’ai quinze ans et j’aime l’art. Voilà.

Après ma courte présentation, l’enseignant de mathématiques nous donne des exercices à faire en lien avec la fonction polynomiale, comme prévu. 

***

Malgré mon moral bas, je veux quand même essayer d’entreprendre une conversation avec quelqu’un (conseil de mon père). De plus, j’ai une sorte de bon pressentiment envers une fille du même groupe que moi. C’est donc pourquoi, je décide d’aller la voir à la pause, déterminée à me faire une amie. 

-Salut! que je lance,  toute enjouée.

Mystérieusement, elle relève tranquillement la tête de son téléphone, puis plisse les yeux avec une expression qui veut clairement dire ‘’T’es qui toi?’’. Elle me fait un sourire bizarre et gêné et se remet à pitonner sur son téléphone. Pas besoin de dire un mot ou de faire une expression de plus, j’ai compris: je ne me ferai pas d’ami dans cette école. C’est alors que j’entreprends une marche rapide vers les toilettes. Je me sens exactement comme ces filles à l’écran dans les films américains. Au moins, dans ce genre de longs métrages, ça finit toujours bien pour l’héroïne, mais est-ce que ça va bien finir pour moi? Je vous résume les films pour ados en quelques phrases: l’actrice principale veut aller pleurer dans les toilettes, tout à coup, elle fonce dans un gars et renverse toutes ses affaires. Ensuite, il se penche pour ramasser le dégât, se confond en excuses puis, bam! C’est le coup de foudre! D'ailleurs, je n'arrive pas à croire que des gens peuvent croire à ça, le coup de foudre. 

***

Dans l’espace d’une seconde, sans trop savoir comment, je me retrouve par terre et toute étourdie. Un peu plus tôt, j’avais senti un corps me bousculer. Autour de moi, plusieurs gens rient et me pointent du doigt. Je suis gênée, je vois plein d’étoiles et ma vision est floue. Floue, mais pas assez floue pour ne pas distinguer un garçon me tendant la main tout en me faisant ses meilleures excuses. Je suis sur le point de me relever avec son aide, mais un trou noir m’envahit. Décidément, ma chute m'a donné un sacré gros coup à la tête! J’essaie de toutes mes forces de reprendre conscience, mais mon corps en est incapable. À présent, je ne vois plus rien. Que le néant…

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Chapitre 2 

L’hôpital

‘’-Oh mon dieu! Elle s’est évanouie!

-Aidez-la!

-Approche-la pas de moi, j’en veux pas de la fille weird de Chibougamau!

-Hahahaha j’adore! T’es trop méchante Christine!

-Est-ce qu’elle est morte?

-Je l’amène où?!

-À l'hôpital!!

-Vite!”

Ces petites phrases résonnent dans ma tête depuis maintenant quelques minutes. Je me rends alors compte que je ne sais pas à quel endroit je suis en ce moment. J’ouvre lentement les yeux, m’attendant à voir une chambre d’hôpital remplie de cadeaux, de cartes de fête et de souvenirs des événements que j’ai manqués. Je m’attendais au pire. Finalement, ce n’est pas si marquant. Je suis dans une pièce illuminée d’un éclairage jaunâtre, il y a une vieille dame portant un blouson muni d’une croix rouge et un garçon assis sur une chaise en bois. Un garçon qui a l’air d’être rongé par les remords. Malgré ma migraine, je parviens à me forger l’hypothèse suivante: ce gars est peut-être celui qui m’a renversée tout à l’heure. Tout à l’heure, la semaine passée ou l’année dernière, je n’en sais rien!! 

-Bonjour, puis-je avoir la date d’aujour… 

-Mon dieu!! Elle est réveillée!!

La dame n’a pas l’air d’en croire ses yeux. Ça me fait une de ces peurs!! Suis-je vraiment dans le coma depuis… genre quatre ans?! Je vois le visage du garçon mystérieux se relever pour me regarder.

-Oh, eum.. salut.

-Salut. Je m’excuse sincèrement de t’avoir fait tomber tantôt, je ne t’ai pas vue et puis je n’ai pas fait attention. Je ne voulais pas être en retard pour mon prochain cours. J’espère que tu ne m’en veux pas trop.

-Ce n’est pas si grave, tu sais, À moins que le docteur me dise que j’ai une commotion cérébrale de stade quatre! dis-je avec une pointe d’humour mal placée. Je le regarde attentivement pour voir s’il ne lance pas un regard grave et rempli de culpabilité à l’infirmière… Fausse alerte!!

***

Cela fait maintenant dix minutes que la garde-malade parle avec ma mère. Leur conversation ne me paraît pas très animée, je crois que c’est bon signe. Finalement, je vois ma mère qui marche en direction de la sortie après avoir remercié la dame qui s’était occupée de moi jusque-là. Avant même de s’asseoir correctement sur le siège du conducteur, elle commence son monologue:

-Bon, Enora, tu dois comprendre que ce n’est pas prudent de…

Je ne la laisse même pas terminer sa phrase, car je connais par cœur le discours qu’elle a l’intention de me répéter. 

-Maman, c’est bon, je sais que j’aurais dû faire beaucoup plus attention, mais je ne voyais à moitié pas devant moi, car j’avais cent cartables qui m'empêchaient de garder le droit chemin.

-Ohhh, mon pauvre bébé, j’ai tellement eu peur! Je croyais que tu allais avoir une blessure grave qui allait te pourrir la vie! Comprends-moi un peu, ma chouette! Tu sais, il est difficile pour une maman de s'apercevoir que son enfant vient peut-être de gâcher sa vie toute entière pour un stupide moment d’inattention! Tu as vraiment eu de la chance, selon la dame de l’hôpital. Je ne veux pas revivre la même histoire qu’avant, Enora. 

Après un câlin on ne peut plus inconfortable, nous décidons de mettre le cap sur la maison. Le trajet, lui, est on ne peut plus silencieux.

***

La sonnette de notre nouvelle maison de ville retentit soudainement, en guise de réveil. Je regarde l’heure et elle affiche 8h01 du matin. Qui est-ce à la porte? Même si je suis encore en pyjama, je décide d'aller ouvrir, car visiblement, personne ne le fera à ma place. Tout en me frottant les yeux dans le but de ne pas trop avoir l’air d’une fille trop fatiguée qui vient de se réveiller (même si j’en suis totalement une), je descends les escaliers. Je n’assume pas du tout mon style ‘’ébouriffé’’. Surtout pas quand je vois, sur le pas de ma porte, un gars de mon âge, cheveux blonds, yeux bleus et qui a une carte avec écrit dessus ‘’Bon Rétablissement’’ dans les mains. Je ne sais pas trop comment il peut savoir que je sors d’un petit séjour à l’hôpital. De plus, je trouve cela bizarre parce que son visage me dit vraiment quelque chose, mais je ne sais pas pourquoi. En même temps, je suis un peu mélangée, car si j’avais vu une figure comme la sienne avant, je l'aurais sans doute remarquée. Comment peut-on ne pas voir un visage d’ange?

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Chapitre 3

Ding Dong!

-Bonjour?

-Oui, bonjour! Enora Roy, c’est bien ça?

-Euh… oui, en effet. 

Tout d’un coup, ma mère apparaît dans le cadre de la porte d’entrée. Elle me demande si je le connais et je lui dis que je n’ai aucune idée de l’identité de l’ange. Elle hausse les épaules et quitte.

-Super! Donc je pense qu’il serait mieux de te dire la raison de ma visite. Alors voilà: Le jour où tu es tombée à l’école, j’étais là et j’ai tout vu. Je voulais t'offrir mon aide, mais le gars qui t’a renversée a été plus rapide que moi… Ouais, haha. Donc je suis allé demander ton adresse à la secrétaire pour te donner le truc qui fait l’objet de ma visite. Au début, elle était vraiment réticente, mais elle a fini par céder grâce à mon talent de négociateur. Tiens, je ne veux pas trop te prendre de ton temps car je suis pas mal bavard…

Il me tend une carte de bon rétablissement ainsi qu’un toutou de nounours pour me consoler, de ce que je comprends.

-Oh, wow! C’est vraiment gentil. J’apprécie beaucoup. Je suis nouv…

-Ouais, je sais. T’es nouvelle. 

-Super, alors.

Je le remercie encore une dernière fois, puis il me dit qu’il sera là demain, pour si je veux, je cite: chiller ou bien parler. Je referme la porte et fronce les sourcils. Existe-t-il vraiment un gars de ma génération qui peut être aussi beau et aussi gentil? Bon, c’est vrai, il est beau, mais les blonds, c’est pas trop mon style. 

***

M’étant réveillée tôt ce matin, j’ai pu faire mille et une choses! Prendre ma douche, m’étendre sur le divan avec des patchs beauté au citron, prendre un café, jouer aux échecs toute seule, faire mon lunch et étudier. J’arrêtais pas de penser à comment j’allais aborder l’ange (je l’appelle toujours comme ça, car je ne lui ai même pas encore demandé son nom). Oui, il faut que je lui parle si je veux agir en personne gentille et reconnaissante. Ça, c’est un petit exemple de moi dans le miroir de ma chambre:

-Heyyy, ça va?

 Non, pas assez reconnaissant.

-Yoo men! 

Mais où ai-je la tête? 

-Coucou.

Trop girly pop.

-Salut. Ça va?

Ouais, je pense que je vais opter pour ça. La simplicité…

Il faut rajouter à ça les clins d'œil et les pouces en l’air…

Bref, là je dois me préparer pour l’école.

***

-Salut. Ça va?

-Heyyy! Je suis content que tu sois venue me voir. Les gars, je vous présente Enora Roy. Elle est cool. 

Les bonjours de la gang de gars de l’ange retentissent autour de moi.

-Allo. Ouais, moi c’est Enora.

-Je pense à ça, commence l’ange. Je t’ai même pas dit mon nom!

-C’est ce que j’allais te faire remarquer!

-Moi c’est Maël.

-Enchantée, alors.

Je ne suis pas dégoûtée de me tenir, à partir de maintenant, avec une gang de gars. De ce que j’ai compris, les garçons sont beaucoup plus gentils que les filles, dans cette école.

J’entends des pas de talons hauts s’approcher de moi.

-Omg, les filles! Donnez-moi de l’eau tout de suite. 

-Oui, oui, Ashley.

-Si ce n'est pas la fille weird de Chibougamau qui s’intègre dans la gang de mon frère! me dit-elle. Tu te cherches des problèmes, ma belle? Je peux te garantir que t’as aucune chance avec lui.

-Arrête soeurette. C’est juste une nouvelle amie. 

Oh lala, je crois que je vais m’en aller. Pourquoi c’est si compliqué de se faire des amis sans avoir de problème?

Chapitre 4 à venir...

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